Ndarsports: août 2013

BANC D’ESSAIS

Les joueurs locaux à l’assaut de l’équipe nationale

Alain Giresse, l’entraineur national, a estimé que la porte de la sélection est ouverte aux joueurs du championnat local. Cette déclaration doit être une source de motivation pour les joueurs de la Ligue1. Votre canard préféré se propose de passer en revue les postes et les candidats susceptibles de taper dans œil du technicien français et intégrer la sélection nationale.

Le banc d’essai commence naturellement par les de gardiens de but, un poste qui, avec Khadim Ndiaye et Ousmane Mané, a incontestablement mis en valeur le football local ces deux dernières années.

Gardiens de but : Une opportunité pour les locaux

Le Sénégal a toujours eu de bons gardiens de but dans le championnat local. Cheikh Seck, feu Mansour Wade, et Samba Fall formés ici, dans les clubs locaux, ont eu à démontrer tout leur talent dans tous les terrains d’Afrique. Mais, aujourd’hui, la donne a entièrement changé, car les coachs ont toujours tendance à faire confiance aux joueurs évoluant dans les championnats européens alors que notre championnat regorge de joueurs de talents qui, s’ils sont bien encadrer peuvent nous valoir des satisfactions.

Khadim Ndiaye (6 sélections) et Ousmane Mané (5 sélections) en sont la parfaite illustration. Ces deux portiers ont réussi, grâce à des performances remarquées, à intégrer la sélection nationale. Le premier, sous les ordres d’Amara Traoré-contre la Grèce et Danemark en matchs amical, la RD Congo, l'Ile Maurice et le Cameroun en éliminatoires de la CAN- et le second, sous les ordres de Joseph Koto contre le Maroc victoire (3-1), l'Ouganda (1-1) à Kampala, le Liberia à Dakar (3-1) et la Cote d’Ivoire deux défaites (2-4 et 0-2), avaient même eu à occuper la place de titulaire pendant quelques rencontres, reléguant sur le banc Bouna Coundoul (16 sélections) plus expérimenté pour avoir débuté en sélection lors de la CAN 2008 contre l'Afrique du Sud. Cependant, les deux locaux, qui ont échoué dans leur quête d’un contrat en Europe, ont vu Bouna Coundoul, titulaire contre la Guinée en match amical (1-1) lors du premier match d'Alain Giresse sur le banc des Lions, revenir récupérer sa place de titulaire, après s’être casé en Finlande (Paralimni) suite à son expérience américaine, au New York Reds Bull. Mais, l’ex-portier de la Linguère, aujourd’hui à Jaraaf, et le dernier rempart de Diambars restent des valeurs sures, qui ont encore leur mot à dire dans cette lutte pour retrouver les cages. Maguette Gningue du Casa Sport, champion du Sénégal en titre, qui a obtenu cette année une sélection en équipe nationale locale, a montré une belle régularité, qui peut lui permettre d’espérer quelque chose à l’avenir. Même si, le championnat qui a vu passer des joueurs aussi talentueux comme Henri Camara (Jaraaf), El Hadj Diouf (Linguère), Pape Bouba Diop (Jaraaf), Papis Demba Cissé (Douanes) entre autres, est souvent décrié pour manque de niveau, les chances des gardiens de but de locaux sont réelles. D'abord, le talent est là et ils ne demandent qu'a être encadrer, ensuite nos gardiens expatriés peinent a s'imposer comme des véritables titulaires dans de clubs importants. C’est le cas notamment de Cheikh Tidiane Ndiaye (5 matchs avec Rennes depuis 2005), Pape Abdoulaye Coulibaly (1 matchs à Saint-Etienne depuis 2007).

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Les latéraux : Des jeunes loups capables de bousculer les "Européens"

Après les meilleurs gardiens de but du championnat, place aux défenseurs latéraux. Diambar, As Pikine et Casa Sport sont bien représentés avec Khassim Soumaré, Seydina Keita, El Hadj Abib Diop et Souleymane Cissé.

De tout temps, le Sénégal a toujours eu de latéraux talentueux, qui ont fourbi leurs armes au pays, avant d’aller monnayer, pour certains, leurs talents en Europe. Pape Fall (ex-SEIB) et actuel membre du staff technique de Caen en était, avec Abdoulaye Ba (Jaraaf) sans doute l’un de plus chevronnés. Aujourd'hui, force est de constater qu’il est difficile pour les latéraux locaux de déboulonner de joueurs tels que Lamine Sané (Bordeaux, 17 sélections), Zargo Touré (Le Havre, 3 sélections), Cheikh Mbengue (Toulouse, 13 sélection), Armand Traoré (Queen Park Ranger, 4 sélections), voire Pape Ndiaye Souaré (Reims, 8 sélections dont 2 en Olympique), qui jouent à un niveau plus élevé. N'empêche, le talent est là. Le capitaine du Casa sports, Mamading Kidiéra, est l’un des meilleurs spécialistes à ce poste dans le championnat. Milieu de terrain au départ, Demba Ramata Ndiaye, son ex-mentor au sein de la formation sudiste, l’a transformé en arrière d’aile. Depuis, Kidiéra ne cesse de séduire par sa technique, son sens du placement et sa polyvalence. Membre de l’équipe nationale locale, le « Casaiste » a profité des trophées gagnés ces dernières années pour prendre confiance. C’est un sérieux candidat qui peut espérer quelques choses. Auteur de six buts depuis le début de la saison, Babacar Seck aussi, latéral gauche du Jaraaf, ne cesse d’étonner par sa constance et sa régularité. Le club de la Médina tient en lui un défenseur d’avenir, une véritable pile électrique très efficace dans les phases défensives comme offensives.

Pur produit de la Linguère de Saint-Louis, El Hadj Abib Diop a été cette année recruté par l'As Pikine. Arrivé pour être la doublure de Souleymane Cissé, le latéral natif de Saint-Louis s’est imposé à tous les couloirs, à droite comme à gauche, faisant progressivement office de titulaire indiscutable. Inépuisable physiquement, précis techniquement et appliqué dans ses centres, il peut, avec plus de travail, frapper un grand coup et poursuivre son chemin dans sa progression, lui qui est passé par la sélection junior et olympique. Impossible de parler du football local sans évoquer Diambar. L’institut de Saly, qui a formé de joueurs qui font des merveilles dans les quatre coins de l’Europe comme Modou Kara Mbodj (KRC Genk), Pape Ndiaye Souaré (Reims), Idrissa Gana Guèye (Lille) et Saliou Ciss (Tromso), fait la fierté du Sénégal dans la sous région par la qualité de son centre de formation. Élément incontournable dans l’équipe de Diambar depuis quelque temps, Khassim Soumaré est l’un des meilleurs latéraux gauches du championnat. Sélectionné dans toutes les équipes nationales de petites catégories, le bondissant défenseur caresse le rêve de jouer un jour chez les seniors pour retrouver ses copains. Et, avec la belle forme actuelle de son club (leader de Ligue1), il a tous les atouts en mains pour réussir. Seydina Keita du même club, souvent utilisé dans l’axe central, est un défenseur une moderne, à l’aise dans tous les postes défensifs. Même si les « Européens » ont une bonne longueur d’avance, ces jeunes joueurs, au vu de leurs performances, peuvent espérer venir un jour titiller les titulaires en sélection nationale.

Les joueurs locaux à l’assaut de l’équipe nationale

Les défenseurs centraux: des jeunes talent a l'aube d'une belle carriére

On est loin des temps où Roger Mendy (Jeanne D'Arc de Dakar) et Racine Kane (SEIB Diourbel) formaient une paire de défenseurs centraux locaux redoutables, efficaces et craints des attaquants du continent qu’étaient Tahar Abou Zeid, Mahmoud Ibrahim Al Khatib « Bibo », Eugène Kabongo Ngoy, Roger Milla etc. Ces deux défenseurs pleins de charisme ont respectivement fait les beaux jours de Monaco et Brest dans le championnat français. Mais, c’est au Sénégal qu’ils ont gagné leurs galons de titulaires dans leurs clubs respectifs. Aujourd’hui, leurs successeurs à ce poste se nomment Bayal Sall (Saint-Étienne), Cheikhou Kouyaté (RSC Anderlecht), Pape Samba Guèye (Metallist Kharkov) et Lamine Sané (Bordeaux) et jouent tous dans de championnats européens. Toutefois, les trois premiers nommés ont tous commencé leurs carrières ici dans le championnat national, notamment à l’Us Gorée et Yeggo. Une preuve que le football local n’est pas aussi faible que le prétendent certains observateurs. Les meilleurs dans ce secteur en Ligue 1 sont jeunes et ne manquent pas de qualité. Malgré une expérience infructueuse dans le championnat belge, à Genk, Alpha Ba, le sociétaire de l’Us Ouakam, est un candidat assez sérieux. Pour cause, le jeune défenseur a eu à connaitre le bonheur de la sélection qu’il avait fréquenté sous les ordres d’Amara Traoré, disputant même un match d’éliminatoire de la Can 2012, à Lubumbashi contre la Rd Congo (4-2). Milieu offensif reconverti défenseur central, Souleymane Badji de la Linguère est aujourd'hui le défenseur axial le plus technique du championnat. Avec sa bonne relance, sa détente verticale et son sens du placement, son profil est très intéressant. Son ex-partenaire à la Linguère, Samba Guèye, qui fait maintenant le bonheur du Jaraaf, est un défenseur moderne, doté d’une belle technique. La paire de l’équipe du Diambar composée d’El Hadj Sady Guèye et Djiby Ndiaye ont aussi un bel avenir devant eux, tout comme Cheikh Wade (As Pikine), Abdoulaye Seck (Casa) et Augustin Ndiaye (Niary Tally), tous les trois internationaux en équipe nationale olympique et locale, sont des valeurs sûres, qui ont bonne marge de progression. Avec le travail de nos entraineurs locaux, ce secteur de la défense a connu une nette amélioration. Les défenseurs centraux commettent moins de fautes et ont aussi beaucoup progressé dans les relances.

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Milieu axial : De jeunes espoirs à la pelle

En 1990, Lamine Sagna et Adama Cissé du Jaraaf de Dakar avaient réalisé UNE belle Can en Algérie. En demi-finale, ils ont fait tremblER Rabah Madjer, Moussa Saib, Djamel Menad et compagnie, avant de s’incliner sur le fil (1-2). Deux ans plus tard à Dakar, Victor Diagne était le jeune meneur de jeu qui a conduit les Lions en quart de finale contre Cameroun (0-1). Après la génération de Fadiga (37 sélections), Bouba Diop (63 sélections) et Pape Sarr (22 sélections), la tanière peine toujours à trouver un vrai meneur de jeu capable de mener le jeu des Lions du football local. Avec l’avènement de la professionnalisation et les centres de formation de références comme Diambars, Génération Foot ou Dakar Sacré-Cœur, le football local a connu des améliorations, surtout au niveau de la formation des jeunes joueurs. Et cela s’est vérifié au sein de la tanière. Aujourd’hui, les deux joueurs sur qui on compte pour le rôle de meneur de jeu, Idrissa Gana Guèye et Pape Kouly Diop, sont de purs produits du football local. Ce qui constitue une grande fierté pour les entraineurs locaux, qui sont souvent confrontés à de gros soucis matériels pour faire leur travail. Peut-on espérer voir encore, dans les années à venir, des milieux de terrains de la trempe de Salif Diao, Bouba Diop dans le championnat ? Beaucoup de personnes pensent que oui. Et la Ligue 1 a de jeunes espoirs, qui peuvent, un jour, taper dans L’œil du technicien français et gagner un ticket pour la tanière ; comme ce fut le cas pour Sidy Keita (Douanes) au temps de Guy Stephan. Le plus prometteur actuellement en Ligue 1 est Arthur Yannick Gomis. La perle de Ngor est un jeune footballeur bourré de qualité qui confirme, match après match, qu’il peut devenir un candidat pour la sélection. Emmanuel Gomis de Diambar, qui réalise une bonne première partie de championnat avec l’Institut de Saly, est aussi un joueur intéressant, qui a le profil du milieu de terrain moderne, tout comme son partenaire Matar Fall, tous les deux internationaux dans l’équipe nationale locale. Capitaine de l’équipe nationale cadette, Roger Gomis de l’Us Gorée, représente l’avenir dans ce poste au vu de ses prestations au sein de la formation insulaire. Idrissa Niang du Jaraaf, même s’il n’a jamais fréquenté les sélections des petites catégories, est en train de franchir un autre palier avec le club de la Médina.

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Milieu offensif : Un secteur moins pourvu

Le poste de milieux terrains offensifs est sans doute le secteur ou les joueurs locaux auront beaucoup de difficultés pour espérer une place. Car, dans le championnat, les défenseurs prennent souvent le dessus sur les attaquants ; ce qui occasionne souvent de matchs nuls vierges. Pis, les meilleurs, repérés très jeunes dans les centres de formation ou dans les clubs, migrent rapidement sous d’autres cieux. Cependant, les milieux de terrains à vocation offensive avec un certain talent ne manquent pas. En effet, si Sadio Mané (Génération Foot) et Ndiaye Dème Ndiaye (Douanes), deux purs produits du football local, ont réussi à s’imposer en équipe nationale, cela prouve qu’il y a encore du bon grain dans le championnat national. Le casa Sports en détient en la personne de Dominique Mendy, un jeune talent qui peut, avec plus de travail, enfiler un jour la tunique frappée de la tête de lion. Même s’il reste encore perfectible, le sociétaire du club sudiste a les qualités techniques et physiques pour s’imposer. Souleymane Cissé de Diambar, malgré son petit gabarit dispose d’une belle technique, qui peut faire la différence dans les moments difficiles. Un autre lutin peut, lui aussi, se frayer un chemin, via de performances dans club. Il s’agit de Cheikh Sy de l’As Pikine. Vif et technique, il a le profil pour être une solution sur les cotés. Fer de lance de l’équipe de Ouakam, Baye Oumar Niasse avait joué un rôle important lors titre de champion remporté par la formation Léboue en 2011. Sa puissance et sa percussion sont très utiles dans le football actuel, notamment celui du continent, qui reste un football très particulier, différent du football européen. Milieu excentré ou parfois attaquant, Aristide Simon Diédhiou de Diambar, puissant et technique, présente des caractéristiques qui peuvent intéresser Alain Giresse. Amadou Doudou Soumaré et Youssouf Coly, respectivement sociétaire de la Linguére et du Casa Sports, tous les deux présélectionnés par Aliou Cissé, l’entraineur de l’équipe nationale olympique, sont aussi de jeunes joueurs à surveiller. Toutefois, avec les difficultés qu’ont les expatriés pour s’imposer dans ce secteur qui à déjà consommé beaucoup de joueurs, la tache des locaux est loin très loin d’être simple.

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Attaquant de pointe : La concurrence sera rude

Mamadou Niang, Demba Ba, Moussa Sow sont autant d’attaquants formés dans de clubs européens et qui ont valu beaucoup de satisfaction à l’équipe nationale du Sénégal. Cela ne doit pas nous permettre d’occulter le fait que, le meilleur footballeur Sénégal des 50 dernières années, El Hadj Ousseynou Diouf (double ballon d'Or africain 2001 et 2002), et le recordman de sélection et de but dans la tanière, Henry Camara (98 sélections, 30 buts) ont fourbi leurs armes dans les navetanes (Asc Kannigui de Saint-Louis et Asc Karack de Dakar) avant d’intégrer respectivement la Linguère de Saint-Louis et le Jaraaf. Idem pour Papiss Demba Cissé qui évoluait sous les couleurs de l’AS Douane avant de partir en Europe.

Cependant, c’est sans doute dans ce compartiment de jeu que les joueurs locaux auront moins de chance d’intégrer la sélection nationale. Pour cause, si le championnat est souvent indexé pour son manque de niveau, c’est généralement du manque d’efficacité des attaquants, qui ne marquent pas beaucoup. Avant le coup d’envoi de la professionnalisation, le meilleur réalisateur, Mourchid Iyane Ly alors à la Linguère, n’a inscrit que 9 buts. L’année qui suivit, Serigne Sène Diouck n’a guère fait mieux, n’inscrivant que 8 buts. Cependant, quelques améliorations ont été notées depuis, grâce au travail de la Direction technique nationale et des entraineurs des clubs et aujourd’hui, l’espoir de voir un attaquant local intégrer la tanière et faire comme Ciré Dia en 2004 est permis. En effet, actuel capitaine du Jaraaf à l’époque er meilleur buteur du championnat (16 buts) avait permis aux Lions de ramener le point du match nul (2-2) en terre malienne en éliminatoire de la coupe du monde 2006, en égalisant à la 84^émeminute. En dépit de départs en Europe d’Aliou Coly du Casa Sports et Pape Sané du même club, qui avaient de réelles chances de décrocher une sélection, il reste néanmoins des espoirs qui peuvent espérer représenter la Ligue 1 en équipe nationale. Milieu de terrain souvent utilisé comme avant-centre avec beaucoup de succès, Amidou Diop « Mido » de Diambar, auteur d’un triplé contre la Linguère lors de la 3e journée, a les qualités pour devenir un attaquant redoutable. Le jeune joueur de Diambar possède une belle technique, une agilité assez surprenante et un sens du but très développé. Son partenaire de Diambar, Mignane Diouf, qui eu à connaitre une expérience professionnelle au Canada (Impact Montréal) n’est pas mal non plus. Difficile de parler de ce secteur offensif sans mentionner les noms de Mouhamadou Dramé du Duc et d'El Hadji Fin d'Olympique de Ngor, co-meilleurs buteurs du championnat (6 buts). Même si nos joueurs locaux auront beaucoup de mal à se frayer un chemin en équipe nationale, ils méritent un peu d’attention de la part de nos dirigeants et techniciens, qui doivent les aider davantage à se perfectionner, car au vu de ce qui s’est passé ces dernières CAN avec les victoires de la Tunisie (2004), de l’Égypte (2006,2008 et 2010) et la Zambie (2012) qui ont remporté le trophée continental avec des joueurs évoluant dans le continent noir, le Sénégal doit encore travailler pour montrer l’énorme potentiel de son championnat qui a toujours produit des joueurs de talent.

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